Pluie de plomb

Pluie de plomb

Par: Antoine Bérube-Lussier

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Juillet 1916

Soldat Henry Teller, 18 ans, 25e division de l’Empire britannique.

1916, la guerre en Europe fait rage depuis deux ans déjà. Depuis le mois de février, les Français se battent contre les Allemands pour conserver la ville de Verdun. Selon quelques rumeurs, les Allemands commencent à battre en retraite et les Français sont encore debout. Mais est-ce la vérité ou une simple histoire inventée pour nous remonter le moral? Inventée ou pas, demain ce sera une certitude, car les troupes britanniques repoussent les armées allemandes de la Somme, ainsi qu’en France.

Pour le moment, la meilleure chose à faire serait de se reposer, car demain sera un vrai bain de sang.  Je ne m’inquiète même pas pour la victoire, car avec les renforts de près de 300 000 Français et avec nos 1 500 pièces d’artilleries, les Allemands n’ont qu’à bien se tenir.

Je profite de ma dernière journée tranquille pour flâner d’une bande à l’autre, entendre les nouvelles de la situation d’un peu partout dans l’Europe.

La première bande que je croise n’avait à peine plus de 18 ans. L’un d’eux était un réfugié de l’armée d’Italie. Il s’était battu durant l’offensive Italienne contre les Austro-hongrois à Isonzo. Son bataillon s’est fait décimer sous les feux ennemis. Il a déserté en plein combat et il été repêché par un bataillon de Français dans le sud de la France. Il avait été condamné à la prison, mais étant donné le manque d’effectif français, on lui avait laissé le choix de se battre ou d’être condamné à mort. Au début, on ne savait pas quoi faire de lui, mais au fil du temps, il s’est rendu de plus en plus utile, surtout pour nous conter les nouvelles de l’Italie et de ses combats contre les Austro-hongrois.

Les tranchées sont sales et boueuses, pires que les terres humides de la Bretagne. En arrivant dans un cul-de-sac, je croise un groupe de Canadiens discuter des pertes sur le front de l’est. Avec les Allemands et les Austro-hongrois qui repoussent de plus en plus les Russes. Selon quelques-uns d’entre eux, nous allions perdre cette guerre et la seule chance qu’on puisse la gagner ça serait que les Américains entrent en guerre en Europe. Ce n’est pas la première fois que j’entend parler de la possibilité de l’entrée en guerre de la US army.

La nuit commence à tomber, je m’installe alors sur le sol en recherche d’une position confortable. Je sens que la nuit sera courte.

Le lendemain, je suis réveillé, comme tout le monde, par le bruit des tirs d’artillerie. Nous commençons à pilonner les tranchées Allemandes vers 6h30 du matin. Toutes les troupes Britanniques sont mobilisées pour être prêtes à l’assaut. Je prends mon SMLE MKIII pour y installer ma baïonnette. Il y a des tirs presque à toutes les secondes. C’est comme ça durant près d’une heure. Vers 7h30, notre commandant nous ordonne d’avancer vers les lignes des boches en marchant. Personne ne sait vraiment pourquoi on y va à la marche. Le commandant nous dit que les Allemands n’ont pas survécu aux tirs d’artillerie. Il est vrai qu’avec plus de 1 000 000 d’obus tirés sur les lignes allemandes, il serait surprenant qu’ils aient survécu.

Après plusieurs minutes de marche, un de nos hommes se met à crier « AU SOL! ». Au loin, on peut apercevoir les Allemands avec leurs mitrailleuses dans leur tranchée. Il est déjà trop tard pour fuir, les balles proviennent de partout à la fois. Une vraie pluie de plomb. Je vois mes compagnons tomber un par un autour de moi. Un vrai champ de cibles vivantes. Tout le bataillon britannique bat en retraite pour se diriger dans les tranchées.

En fin de journée, on compte près 60 000 morts attribuables à cette attaque ratée. Cette journée est la plus sombre de tout l’Empire britannique. Les troupes sont épuisées et les soldats ont perdu la foi pour la victoire.

Quelques heures après, je me réveille, couché sur le sol du no man’s land. Il n’y a plus de végétation autour de moi. Je suis le seul, en vie en tout cas, car oui, il y a des cadavres un peu partout autour de moi. Je peux en reconnaître quelques-uns. Sans plus tarder, je reprends mon arme et je commence à ramper vers la ligne de défense des boches. Je sais que c’est une mission suicide. Ce qui compte, c’est le nombre d’Allemands qui tomberont sous le feu de mon fusil et sur la pointe de ma baïonnette.

Il ne faut pas que je me fasse repérer avant que je sois dans la base. En relevant ma tête, je peux apercevoir une entrée potentiellement gardée par un seul homme. Je sors lentement mon couteau de ma poche, je laisse tomber mon arme sur le sol avec douceur et en quelques secondes, je me relève, tranche la gorge du soldat pour me recoucher instantanément. Aucune sirène ne retentit. je n’ai pas été repéré. Je reprends mon arme et je finis par m’introduire dans la base ennemie. L’endroit n’a plus rien d’une base. Avec tous les obus que nous leur avons envoyés, leur tranchée s’est pratiquement complètement effondrée. Je me rends compte que la mission que je me suis donnée n’a aucune logique. Si je fonce dans le tas, je vais me prendre une balle en quelques secondes. Je m’assois quelques instants à la recherche d’une solution pour pouvoir contacter les Britanniques. La seule solution que je trouve est d’utiliser ma fusée éclairante. Mais, il faut que je monte plus haut sur la colline. Je mets mon fusil sur mon épaule, prends mon couteau et je m’avance dans les tranchées ennemies.

En regardant au sol, j’ai une idée de génie. À cause de la pluie de la veille, le sol était recouvert de boue. Avec la nuit sombre, je pourrais me camoufler avec la boue. Je me roule dedans pour en avoir le plus possible sur mon uniforme. Sans plus tarder, je reprend ma route dans les tranchées. Je tremble, j’ai tellement peur que j’ai de la misère à me tenir debout. Je regarde au loin, la colline est si éloignée, je ne me rendrai pas. Je sors mon pistolet et je tire juste au dessus de ma tête. Le ciel noir s’éclaircit d’un rouge vif. Je me jette sur le sol en attendant les renforts. Après quelque minute, j’entends des bruits de pas se rapprocher. Je sais très bien que ce ne sont pas des anglais.

La seule chose que je ne veux pas, c’est de me faire faire prisonnier ou même torturer par les boches. Je suis en larme et apeuré. Sans perdre une seconde de plus je sors mon pistolet et je décide de me tirer une balle dans la tête, comme ça je sais que je n’aurai plus peur et je pourrai aller rejoindre mes frères d’armes…

Antoine Bérube-Lussier

Juillet 1916

Soldat Henry Teller, 18 ans, 25e division de l’empire Britannique

1916, la guerre en Europe fait rage depuis deux ans déjà. Depuis le mois de février, les Français se battent contre les Allemands pour conserver la ville de Verdun. Selon quelques rumeurs, les Allemands commencent à battre en retraite et les Français sont encore debout. Mais est-ce la vérité ou une simple histoire inventée pour nous remonter le moral? Inventée ou pas, demain ce sera une certitude, car les troupes Britanniques repoussent les armées Allemandes de la Somme, ainsi qu’en France.

Pour le moment, la meilleure chose à faire serait de se reposer, car demain sera un vrai bain de sang.  Je ne m’inquiète même pas pour la victoire, car avec les renforts de près de 300 000 Français et avec nos 1 500 pièces d’artilleries, les Allemands n’ont qu’à bien se tenir.

Je profite de ma dernière journée tranquille pour flâner d’une bande à l’autre, entendre les nouvelles de la situation d’un peu partout dans l’Europe.

La première bande que je croise n’avait à peine plus de 18 ans. L’un d’eux était un réfugié de l’armée d’Italie. Il s’était battu durant l’offensive Italienne contre les Austro-hongrois à Isonzo. Son bataillon s’est fait décimer sous les feux ennemis. Il a déserté en plein combat et il été repêché par un bataillon de Français dans le sud de la France. Il avait été condamné à la prison, mais étant donné le manque d’effectif français, on lui avait laissé le choix de se battre ou d’être condamné à mort. Au début, on ne savait pas quoi faire de lui, mais au fil du temps, il s’est rendu de plus en plus utile, surtout pour nous conter les nouvelles de l’Italie et de ses combats contre les Austro-hongrois.

Les tranchées sont sales et boueuses, pires que les terres humides de la Bretagne. En arrivant dans un cul-de-sac, je croise un groupe de Canadiens qui discutent des pertes sur le front de l’est. Avec les Allemands et les Austro-hongrois qui repoussent de plus en plus les Russes, selon quelques-uns d’entre eux, nous allons perdre cette guerre et la seule chance qu’on puisse la gagner dépend des Américains; s’ils entrent en guerre en Europe, on a une chance. Ce n’est pas la première fois que j’entend parler de la possibilité de l’entrée en guerre de la US army.

La nuit commence à tomber, je m’installe alors sur le sol en recherche d’une position confortable. Je sens que la nuit sera courte.

Le lendemain, je suis réveillé, comme tout le monde, par le bruit des tirs d’artillerie. Nous commençons à pilonner les tranchées Allemandes vers 6h30 du matin. Toutes les troupes britanniques sont mobilisées pour être prêtes à l’assaut. Je prends mon SMLE MKIII pour y installer ma baïonnette. Il y a des tirs presque à toutes les secondes. C’est comme ça durant près d’une heure. Vers 7h30, notre commandant nous ordonne d’avancer vers les lignes des boches en marchant. Personne ne sait vraiment pourquoi on y va à la marche. Le commandant nous dit que les Allemands n’ont pas survécu aux tirs d’artillerie. Il est vrai qu’avec plus de 1 000 000 d’obus tirés sur les lignes allemandes, il serait surprenant qu’ils aient survécu.

Après plusieurs minutes de marche, un de nos hommes se met à crier « AU SOL! ». Au loin, on peut apercevoir les Allemands avec leurs mitrailleuses dans leur tranchée. Il est déjà trop tard pour fuir, les balles proviennent de partout à la fois. Une vraie pluie de plomb. Je vois mes compagnons tomber un par un autour de moi. Un vrai champ de cibles vivantes. Tout le bataillon britannique bat en retraite pour se diriger dans les tranchées.

En fin de journée, on compte près 60 000 morts attribuables à cette attaque ratée. Cette journée est la plus sombre de tout l’empire Britannique. Les troupes sont épuisées et les soldats ont perdu la foi pour la victoire.

Quelques heures après, je me réveille, couché sur le sol du no man’s land. Il n’y a plus de végétation autour de moi. Je suis le seul, en vie en tout cas, car oui, il y a des cadavres un peu partout autour de moi. Je peux en reconnaître quelques-uns. Sans plus tarder, je reprends mon arme et je commence à ramper vers la ligne de défense des boches. Je sais que c’est une mission suicide. Ce qui compte, c’est le nombre d’Allemands qui tomberont sous le feu de mon fusil et sur la pointe de ma baïonnette.

Il ne faut pas que je me fasse repérer avant que je sois dans la base. En relevant ma tête, je peux apercevoir une entrée potentiellement gardée par un seul homme. Je sors lentement mon couteau de ma poche, je laisse tomber mon arme sur le sol avec douceur et en quelques secondes, je me relève, tranche la gorge du soldat pour me recoucher instantanément. Aucune sirène ne retentit. je n’ai pas été repéré. Je reprends mon arme et je finis par m’introduire dans la base ennemie. L’endroit n’a plus rien d’une base. Avec tous les obus que nous leur avons envoyés, leur tranchée s’est pratiquement complètement effondrée. Je me rends compte que la mission que je me suis donnée n’a aucune logique. Si je fonce dans le tas, je vais me prendre une balle en quelques secondes. Je m’assois quelques instants à la recherche d’une solution pour pouvoir contacter les Britanniques. La seule solution que je trouve est d’utiliser ma fusée éclairante. Mais, il faut que je monte plus haut sur la colline. Je mets mon fusil sur mon épaule, prends mon couteau et je m’avance dans les tranchées ennemies.

En regardant au sol, j’ai une idée de génie. À cause de la pluie de la veille, le sol est recouvert de boue. Avec la nuit sombre, je pourrais me camoufler avec elle. Je me roule dedans pour en avoir le plus possible sur mon uniforme. Sans plus tarder, je reprends ma route dans les tranchées. Je tremble, j’ai tellement peur que j’ai de la misère à me tenir debout. Je regarde au loin, la colline est si éloignée, je ne me rendrai pas. Je sors mon pistolet et je tire juste au dessus de ma tête. Le ciel noir s’éclaircit d’un rouge vif. Je me jette sur le sol en attendant les renforts. Après quelques minutes, j’entends des bruits de pas se rapprocher. Je sais très bien que ce ne sont pas des Anglais.

La seule chose que je ne veux pas, c’est de me faire faire prisonnier ou même me faire torturer par les boches. Je suis en larme et apeuré. Sans perdre une seconde de plus, je sors mon pistolet et je décide de me tirer une balle dans la tête, comme ça, je sais que je n’aurai plus peur et je pourrai aller rejoindre mes frères d’armes…

 

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